Bruxelles parle d’Apocalypse Nucléaire

Publié le par ghostsurvival

Un séisme de magnitude 6 s’est produit mardi soir à 120 km environ au sud-ouest de Tokyo, où les immeubles ont tremblé.
Le point sur la situation au Japon, mardi 15 mars, après le plus violent séisme jamais enregistré et qui a frappé vendredi le nord-est de l’archipel.

Le séisme, les répliques, le tsunami. Un fort séisme de magnitude 6 s’est produit mardi soir au sud-ouest de Tokyo, où les immeubles ont tremblé. L’épicentre était situé à Shizuoka, à 120 km environ au sud-ouest de la capitale, a indiqué la télévision publique NHK. Il survient après une secousse sismique, d’une magnitude de 5,8 selon l’institut de géophysique américaine (USGS), qui a de nouveau secoué lundi matin la région de Tokyo. Une éventuelle réplique de magnitude 7 pourrait survenir d’ici à mercredi dans le nord-est.
Le plus violent séisme jamais enregistré au Japon a frappé, vendredi, le nord-est de l’archipel. La secousse, d’une magnitude de 9 selon l’Institut de géophysique américain (USGS) qui l’avait auparavant estimée à 7,9, puis 8,8 puis 8,9, s’est produite à 24,4 km de profondeur à 14h46 (5h46 GMT) et à une centaine de km au large de la préfecture de Miyagi.
Des vagues de dix mètres se sont abattues sur les côtes de la préfecture de Sendai. D’autres points de la côte du Pacifique ont également été touchés par des vagues de plusieurs mètres de haut.
De fortes répliques s’enchaînent depuis dans la même zone et un séisme de magnitude 6,7 selon les dernières évaluations de l’agence japonaise (6,2 selon l’USGS) s’est produit samedi vers 04H00 du matin (vendredi 19 heures GMT) dans la préfecture de Niigata, au nord-ouest, sur la façade opposée à la côté Pacifique déjà dévastée, provoquant des glissements de terrain et avalanches.

Les victimes, les dégâts matériels,
les secours. Si le bilan officiel de la police parle de 3.373 morts, 6.746 disparus et 1.897 blessés, mardi, plus de 10.000 personnes pourraient avoir été tuées lors du tsunami. L’agence de presse Kyodo a rapporté que 2.000 corps avaient été découverts lundi sur les rivages de la préfecture de Miyagi, dans le nord-est du pays. Quelque 590.000 personnes ont été d’autre part évacuées, selon un décompte des Nations unies.

Le Japon a mobilisé 100.000 soldats, soit 40% des effectifs de son armée, tandis que de nombreuses équipes de sauveteurs étrangers continuaient à arriver sur les lieux.

Les centrales nucléaires. Les autorités japonaises luttent pour éviter une catastrophe nucléaire. Les incidents se multiplient, notamment dans la centrale de Fukushima Daiichi, située à 240 km de Tokyo, où quatre réacteurs sont endommagés.
La crise nucléaire s’est aggravée mardi après une nouvelle explosion et un incendie à la centrale. L’agence de sûreté nucléaire japonaise n’a pas relevé le classement de l’accident de la centrale au niveau 6 sur 7 de l’échelle internationale, comme l’a fait l’Autorité française de sûreté nucléaire. L’enceinte de confinement du réacteur numéro 2 « n’est plus étanche », a déclaré à la presse le président de l’ASN, André-Claude Lacoste. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a indiqué que cette enceinte avait été « peut-être affectée ».
« On parle d’apocalypse et je crois que le mot est particulièrement bien choisi. Pratiquement tout est hors de contrôle », a déclaré le commissaire européen à l’Energie Günther Oettinger, qui n’exclut pas « le pire » dans les heures à jours à venir.
« Le niveau de radioactivité a considérablement augmenté » sur le site de la centrale, a indiqué le Premier ministre japonais, Naoto Kan, à la télévision, avant de baisser de nouveau. Une légère hausse de température a été également mesurée dans les réacteurs 5 et 6 de la centrale.
Le Premier ministre a appelé les personnes habitant dans un rayon de 30 kilomètres à rester calfeutrées « à la maison ou au bureau ». Le niveau de radioactivité a augmenté mardi à Tokyo, où il était dix fois supérieur à la normale, mais il n’y a pas pour autant de danger pour la santé de la population, a affirmé la mairie de la capitale japonaise. Les autorités n’ont jusqu’à présent pas appelé les 35 millions d’habitants de la plus importante agglomération du monde à prendre des mesures de précaution particulières. Le niveau de radioactivité dans la ville de Maebashi, à une centaine de kilomètres au nord de la capitale, était mardi jusqu’à dix fois supérieur à la normale, rapporte l’agence de presse japonaise Kyodo, qui cite la municipalité.
Ces rejets radioactifs sont consécutifs à l’explosion d’hydrogène qui s’est produite à l’aube dans le bâtiment qui abrite le réacteur 2. Une autre explosion d’hydrogène a ensuite déclenché un incendie dans le réacteur 4, qui était à l’arrêt pour maintenance lorsque le séisme s’est produit. L’incendie qui a touché un bassin de stockage de combustible nucléaire usagé a été éteint, a fait savoir l’exploitant de la centrale, Tepco.
Ces explosions sont la conséquence des opérations d’urgence lancées après la panne des systèmes de refroidissement des réacteurs provoquée par le tsunami ayant suivi le séisme de magnitude 9, le plus fort jamais enregistré au Japon.
Le Japon a officiellement demandé lundi à l’AIEA l’envoi d’une équipe d’experts et de l’aide aux Etats-Unis pour refroidir ses réacteurs.
Deux explosions liées à l’accumulation d’hydrogène se sont produites lundi au niveau du réacteur n°3 de la centrale. Elles font suite à une première explosion dans le réacteur n°1 de la centrale samedi.
Les réacteurs sont construits pour résister aux chocs sismiques et s’arrêter automatiquement en cas de puissant séisme. Onze des réacteurs situés dans les zones les plus touchées s’étaient automatiquement arrêtés vendredi. Le nucléaire produit environ un tiers de l’électricité de l’archipel.

Communications, transports, entreprises.
La catastrophe a drastiquement réduit l’approvisionnement électrique dans la région de Tokyo, peuplée de 35 millions d’habitants, où des entreprises ont suspendu partiellement leur production pour réguler la demande. Toyota, premier constructeur automobile nippon, a annoncé lundi son intention de suspendre l’ensemble de sa production au Japon au moins jusqu’au 16 mars. L’entreprise avait indiqué samedi que l’activité de ses 12 usines japonaises allait être suspendue pour vérifier leur état et garantir la sécurité du personnel.

La région de Sendai est un centre industriel important non seulement pour l’électronique, mais aussi les télécommunications et les machines-outils. Sony a gelé l’activité de sept sites, la plupart dans le nord-est, où l’une de ses usines de disques Blue-Ray a été inondée.
Au moins six des 27 raffineries japonaises ont été arrêtées à la suite du séisme, paralysant 31% des capacités de raffinage de l’archipel nippon, cinquième plus grand raffineur au monde, a indiqué l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Parallèlement, la consommation de pétrole du Japon pourrait augmenter de 200.000 barils par jour si la production d’électricité des 11 réacteurs nucléaires arrêtés dans l’archipel était remplacée par des centrales fonctionnant au pétrole.
Le trafic ferroviaire, inopérant dans le nord-est, restait très perturbé à Tokyo. La compagnie East Japan Railways, qui exploite de nombreuses lignes empruntées par les habitants des banlieues, n’a été en mesure que d’assurer 20% du trafic.
Le gouvernement a conseillé à la population de limiter ses déplacements au minimum, tandis que de nombreuses firmes demandaient à leurs employés de ne pas venir travailler. Air France a mis en place des « tarifs spéciaux » sur ses vols Tokyo-Paris en aller smiple pour faire face à la demande croissante, en attendant que les autorités françaises décident peut-être d’un rapatriement. Les voyagistes français ont décidé mardi de suspendre jusqu’au 31 mars inclus les départs vers le Japon.
Deux compagnies aériennes asiatiques, la chinoise Air China et la taïwanaise EVA Airways, ont annoncé qu’elles avaient annulé des vols vers le Japon pour des questions de sécurité.
Radio France a décidé de rapatrier la quasi-totalité de ses envoyés spéciaux un seul journaliste restant à Sapporo (nord).

Aides. Près de 70 pays ont proposé leur aide au Japon et une dizaine de nations ont déjà dépêché des équipes de secouristes. Le G20 s’est dit prêt à venir en aide au Japon face au risque croissant de catastrophe nucléaire. Le Japon a demandé l’aide des forces armées américaines basées dans l’archipel. Les navires de guerre et les avions américains, participant aux efforts de secours, ont quitté temporairement la côte Pacifique du Japon par mesure de précaution en raison d’un faible niveau de radiation en provenance de la centrale nucléaire, a annoncé l’US Navy lundi.
Une équipe de 144 secouristes américains est arrivée dans le nord du Japon, pour participer à des opérations de secours et recherches de survivants.
Plusieurs pays, comme la France ou l’Allemagne, ont encouragé leurs ressortissants habitant la région de Tokyo à partir si leur présence n’est pas nécessaire.
La Russie est prête à rediriger environ 6.000 mégawatts d’électricité vers le Japon, pour combler les manques liés à l’arrêt des centrales nucléaires.

Les finances et marchés. La Banque du Japon (BoJ) a annoncé avoir encore injecté 3.000 milliards de yens (26 milliards d’euros) sur le marché monétaire pour soutenir l’économie après le séisme, en plus des 5.000 et 15.000 milliards de yens déjà injectés respectivement dans la matinée et lundi. Ce nouvel apport de fond porte à 23.000 milliards de yens (202 milliards d’euros) la somme totale fournie par la BoJ au marché interbancaire depuis lundi.
Les estimations concernant le coût total de la catastrophe commence à être publiées. Le séisme et le tsunami pourraient coûter 100 milliards de dollars à l’économie nippone, selon le groupe bancaire de Singapour DBS Group. Crédit Suisse l’estime entre 14.000 et 15.000 milliards de yens (130 milliards d’euros). Le séisme pourrait coûter 34,6 milliards de dollars aux assurances, selon une estimation d’AIR Worldwide, spécialiste de l’évaluation du risque.
Moody’s a averti lundi que les assureurs et réassureurs allaient subir de « lourdes pertes » après le séisme, ce qui pèsera sur leurs notes. Si trois compagnies nippones se partagent 90% du marché de l’assurance dommage et responsabilité, les étrangers (Munich Re, Scor, Sxiss Re…) sont très présents sur celui de la réassurance dans l’archipel.

Notation. Standard & Poor’s a indiqué mardi qu’il était encore « trop tôt » pour mesurer l’impact de la catastrophe sur la note souveraine du Japon. S&P note le Japon « AA- », ce qui classe le pays parmi les émetteurs de dette de bonne qualité. Cette note bénéficie d’une perspective « stable », ce qui implique qu’elle est peu susceptible d’être modifiée à court terme. Trois critères vont déterminer l’évolution de cette note: l’impact macroéconomique du tremblement de terre, ses conséquences sur le déficit public, le rythme et la durée de la reconstruction du pays, troisième puissance économique mondiale.

Le Japon et les séismes. Le Japon, situé au confluent de quatre plaques tectoniques, subit chaque année environ 20% des séismes les plus violents recensés sur Terre.
Le Comité de recherches sismiques du gouvernement a averti qu’un grand tremblement de terre de magnitude 8 avait 70% de chances de se produire d’ici à trente ans dans les plaines du Kanto, où est située la mégalopole de Tokyo, peuplée de quelque 30 millions d’habitants.
En 1923, la capitale avait été dévastée par un séisme majeur, qui avait fait 140.000 victimes, pour la plupart dans des incendies. Plus récemment, en 1995, le séisme de Kobe (ouest) avait tué plus de 6.400 personnes.

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